Voila le mois de mai s'achève et avec lui une période haute en stress, enfin j'espère...
En quittant la ferme, après avoir retardé le départ le plus possible, on avait toujours pas de gaz pour cuisiner et faire fonctionner le frigo. Et alors que jusque là remplir la bombonne n'avait pas été un souci, on s'est heurté pendant deux longues semaines à des refus et de grosses déceptions.
D'abord, quand au Costa Rica les vigiles nous refusaient l'entrée aux usines à gaz prétextant que les connexions n'étaient pas les mêmes (en fait en s'accrochant un peu on aurait peut-être eu gain de cause). 
Puis quand, arrivés au Panama, deux gallons de gaz (environ huit litres, soit deux semaines d'autonomie) on disparus en une nuit, et que les fois suivantes on arrivait après le(s) camion(s) de remplissage (entre deux et cinq heures d'attente pour qu'il(s) vide(nt) son/leur chargement) ou après le départ d'un autre camion qui, oui, lui avait la bonne connexion, mais il vient de partir faire sa ronde à cinquante bornes d'ici et non on ne sait pas quand il reviendra, peut-être ce soir mais pour être sûr revenez demain... ouf !
Alors on a abandonné l'idée, rempli le frigo de glacons et acheté de l'alcool à 70 et des cannettes pour se faire des réchauds artisanaux. Bon maintenant on a la technique c'est sûr, on a quand même mis quarante minutes pour faire bouillir de l'eau, un jour de rando autour du volcan Baru, je crois que c'est une record mondial sinon plus.
Avec le recul, je crois qu'on s'était tellement habitués à la vie sédentaire de la Finca Monte Claro, qu'on en a perdu quelques réflexes de bases du nomadisme motorisé. Comme par exemple de ranger tout ce qui traine avant de démarrer pour éviter les valdingages intempestifs, la bouteille d'eau de la nuit surtout qui finit dans le lit, débouchée... et rapidement vide.
Les freins nous ont pas gâtés non plus de leur côtés car on a changé deux fois les plaquettes en huit jours, passant de nouvelles interminables journées chez les mécanos, au moins le deuxième s'est intéressé aux tambours ce qui pourrait peut-être nous permettre d'être tranquille un moment. Por favor...
Voila alors dans notre malheur la chance qu'on a eu au Panama c'est de tomber sur des gens merveilleux.
On nous avait annoncé des "le Panama aux Panaméens" et autres sempiternelles sur le caractère peu accueillant des Panaméens, ben nous on a eu de la chance de ce côté-là.
D'abord quand, arrivé sur le tard à la frontière, il nous a fallu trouver un spot où dormir dans la région touristique de Bocas del Toro, on s'est retrouvé dans une communauté dont l'un des représentants, qui ne comprenait pas trop ce qu'on voulait ni ce qu'on foutait là, nous avait pris pour les Peace Corps qui devaient arriver le lendemain.
Ensuite, quand à David, la seconde ville du Panama en population, Oscar est venu nous chercher dans un terrain vague, nous sauver d'une mort certaine selon ses dires, pour nous accueillir sur son petit parking, nous offrant sa douche et sa femme Esther le petit dèj'. Bien entendu, dans ce genre de situation, nous savons que dieu existe et nous sommes mariés. [d'ailleurs nous portons chacun un anneau à la main gauche, mais il y en a qui doivent pas connaitre parce que ca les gênent pas pour draguer Anaele]...
Il y eu aussi une famille près d'Aguadulce qui avait au paravent accueilli des cyclistes, un homme avec son âne et des camionneurs comme nous, avec qui on troqué des bijoux et des légumes, une douche, des sourires et des tortillas aux sardines.
Bon c'est vrai, on a aussi rencontré des cons, des incompétents et des lourdingues (dont les mecs du gaz), mais comme ca court les rues un peu partout sur la planète je me suis dit que vous aimeriez peut-être qu'on parle d'autre chose.
Par exemple de cette campagne anti-pub qui sévit tout le long de la panamaéricaine de David à Panama, qu'on a mis du temps à cerner, mais qui se définit comme une campagne pour la sécurité routière. Logique non ?
Sinon côté paysages le Panama c'est cool ! On a zappé le côté touristique du volcan Baru (Boquete, dont on nous a dit que du bien, justement), pour squatter quelques jours dans les environs de Cerro Punta, et explorer le coin en randonnant. C'est là qu'on s'est mis au réchaud-cannette, léger et ergonomique. C'est aussi là qu'on a assisté pour la première fois, impuissants, à la mort d'un paresseux.
On a pas trop traîné sur la plage cette fois-ci, les moustiques n'ont eu qu'une nuit pour nous dévorer, et ils ne s'en sont pas privés lors de notre escale à Playa Hermosa, à cinquante kilomètres environ à l'est de David.
C'est à peu près là qu'on a commencé à se dépêcher : on avait acheté un litre de rhum pour presque rien et presque rien c'était aussi le temps qu'il nous restait pour la boire avant l'embarquement [et le risque hypothétique de la voir disparaitre pendant le voyage]. En fait on a beaucoup b.. pardon on s'est inquiété pour rien, car le pastis acheté au duty-free la veille du chargement est encore là [avis aux amateurs...].
On a visité un village magique avec des arbres carrés, des pédroglyphes et des sources d'eau chaude, El Valle de Anton, c'était payant partout, bizzarement, à part le parc national qui était peut-être fermé pour la saison [ou bien les gardes-parc s'étaient pas réveillés]. On dit que par beau temps, du sommet du Cerro Gaital, on peut apercevoir d'un côté le Pacifique et de l'autre l'Atlantique. On n'en a vu qu'un, de l'autre côté c'était les usines de poules, mais la balade était sportive et vraiment sympa.
Arrivés à Panama, la mission était de harceler les agences pour avoir un container 40HC [le seul dans lequel on rentre, le High-Cube mesurant 2,65 et les standards 2,38 de haut] à un tarif raisonnable. Ce qu'on nous avait annoncé jusque là oscillait entre 1750 et 2100 dollars, sans compter des frais à l'arrivée en Colombie. Le transport de véhicule, de marchandises, et on va le voir, de touristes, est un bon business de chaque côté de la frontière.
On a commencé par Barwill, ou Wilhemsen, ou Transcanal, ou Seabord, où je me suis perdu car je connaissais toutes ces compagnies de nom et les croyais concurrentes, et les ai trouvés dans le même bureau de Panama Pacifico, représentées par la star du shipping inter continental des blogs de voyageurs véhiculés francophones, j'ai nommé Evelyn Batista !
J'ai jamais trop regardé "La chasse aux trésors" mais je crois que nos quelques jours à Panama s'apparentent un peu à cette émission. Quand Evelyn nous a annoncé qu'elle avait un container qui partait le dimanche suivant de Colon avec un moteur de yacht à destination de Cartagène en Colombie, pour un tarifs défiant toute concurrence [connue], soit 1050 dollars plus les frais de ports, il nous restait trois jours pour faire réviser le véhicule par la police de Panama, trouver un véto pour Chlip [et une solution pour passer la frontière sans attendre cinq jours de démarches et payer 175 dollars de frais d'exportation du chienchien], embarquer le camion à Colon et régler un tas de trucs avant de quitter le Panama, dans une capitale labyrinthique au traffic intense... Wousa !
Donc on a couru, on s'est engueulés, on a mis le camion sur le bateau, et après s'être lamentablement planté au milieu de l'archipel des San Blas pour des problèmes de liquidités, on a finit par s'envoler dans un huit places pour Puerto Obaldía, petite bourgade panaméenne à la frontière colombienne, pour finir le trajet en lancha. Si la batterie de l'appareil photo ne nous avait pas lâché en plein vol, on aurait de quoi en remontrer à Yann Arthus-Bertrand. J'exagère presque pas...
Alors nous voici en Colombie, l'avenir n'a jamais été aussi flou et je crois que j'ai rarement eu aussi chaud [il y a trois jours, le mercure est monté à 39 degrés Celsius].
Bisous à tous et bons voyages !
